Philippe de
Dieuleveult, tu nous manques
par Jean-Marie Potelle
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J'ai connu
Philippe en 1981 alors que son émission « La Chasse aux Trésors » démarrait.
Utilisant beaucoup l'hélicoptère, engin qui m'est très cher, cette émission me
fascinait. Qui plus est, ce gaillard sportif, acrobate, prêt à tout pour faire
plaisir aux candidats afin qu'ils gagnent, représentait, pour moi, un
extraterrestre, car peu de présentateurs auraient pris de tels risques, même
aujourd'hui. La Mairie de Paris, en cette année 1981, avait organisé à la
Terrasse Martini une réception en l'honneur des participants aux Championnats du
Monde d'hélicoptères en Pologne. |
A
l'époque, nous étions la première équipe de France à y participer. Étant sur
Paris pour l'organisation, j'eus l'idée de demander à Philippe d'honorer de
sa présence cette réunion, ce qu'il fit sans se faire prier.
Notre
rencontre se solda par une complicité qui dura jusqu'à son départ au
Zaïre. Après un vol que je lui fis faire autour de Paris en Alouette, en
lui laissant un peu les commandes, nous avons conclu qu'il était
nécessaire de se revoir souvent. Sa
carte de visite qu'il me laissa me
surprit car était écrit dessus « Journaliste d'Images ». Quelques temps
plus tard, ce fut le premier vrai contact chez lui à Viroflay, pour
parler machines, possibilités, sites, etc... J'eus le plaisir de
rencontrer Diane, sa femme, Erwann et Tugdual, ses deux fils. Puis
ce fut chez moi à Asnières où il fit connaissance à son tour de Michèle, ma
femme, et Christine ma fille, qu'il n'ou |
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bliera jamais lors de ses retours de
voyages lointains, leur ramenant un petit souvenir.
Pendant un
moment, il m'a raconté son passage à l'armée où il était instructeur
parachutiste, et ses voyages étant jeune, avec d'abord un ami et puis après
avec sa future femme Diane. A travers le Sahara, il se souvenait de moments
difficiles sur des engins de leur conception et se revoyait dans ces
paysages, au milieu des embûches et des délires.
Puis ce
fut sa participation à la « Course autour du Monde » où il termina
brillamment deuxième, puis ce fut son travail comme pigiste pour Antenne 2,
qui l'ont amené dans des endroits hors du commun. Il filmait aussi bien la
détresse que la joie partout où il passait.
Puis ce fut la rencontre avec
Jacques ANTOINE qui cherchait un animateur pour sa future émission « La
Chasse aux Trésors ».
Philippe fut retenu pour avoir en direct commenté un accident de la
circulation qui venait de se produire à l'Étoile et que lui demanda Maître
Jacques.
Tout était
réuni pour lui plaire, voyages, action, hélicoptères et faire gagner.
A chaque
retour de voyage, il me contactait pour me raconter les tournages, les
difficultés, les appareils sur lesquels il avait volé, les problèmes, et
puis nous partions faire un vol d'école tranquille, pas pour lui. Philippe
n'avançait guère tant les leçons étaient espacées à cause de ses
déplacements. A aucun moment je n'ai pu lui ouvrir une vraie feuille de
progression. Par contre, en vol, il écoutait et appliquait ce que je lui
disais. Autre élément négatif, le fait d'être sans arrêt pressé, pour lui la
visite pré-vol ne devait pas exister. Nous avons effectué en école une bonne
trentaine d'heures. Par contre, ce qui m'a surpris, c'est qu'il a obtenu sa
licence de pilote ULM relativement rapidement.
Indépendamment de cela, nous allions régulièrement faire des repérages,
c'est à dire que nous allions survoler des sites afin de voir si cela
intéresserait les téléspectateurs. Nous partions souvent seuls ou avec Jean-Paul LE FUR, malheureusement disparu et complice pour les prises de vues.
Nous sommes allés à St Malo, Annecy, Briançon, Bordeaux, entre autres, enfin
bref à sa volonté et disponibilité.
En 4 ans,
il a visité 96 pays ; dans ses émissions, il s'est fait de vraies joies mais
aussi de vraies frayeurs tant il se donnait à fond. Par contre il a toujours
été très à cheval sur la sécurité, en particulier pour ses acolytes
cameramen et preneurs de sons.
Des
millions de personnes ont regardé cette émission, il a toujours répondu
présent aux invitations quelles qu'elles soient, sans jamais prendre la
« Grosse Tête ». C'était çà Philippe.
La Chasse
s'est arrêtée et Philippe décida de revenir à ses premières amours :
« Journaliste d'Images ».
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Avec sa
Société, « Passeport Bleu », il cherchait un sujet montrant le réel et
m'appela pour avoir une idée. Depuis des années, je rêvais de montrer le
travail extraordinaire de ces équipages d'hélicoptères et membres du PGHM,
dont j'ai vécu l'entraînement, pour le Secours en Montagne. Philippe percuta
immédiatement. Je pris contact avec mes amis de la Sécurité Civile et en
particulier Roger COLIN, patron et pilote de la base d’Annecy œuvrant dans
le Massif du Mont-Blanc. Tout fut mis à disposition : deux hélicoptères,
dont un équipé d'une plate forme spéciale pour que Philippe puisse filmer.
Le résultat, une magnifique carte de remerciement de Philippe et |
de mes amis de là-bas, et
surtout un film hors du commun : « En Limite de Puissance ». Ce document en
direct n'a été vu que par les Suisses. C'est bien dommage car il aurait pu
en faire réfléchir plus d'un. Autre
péripétie de mon ami : Il décide de participer au Londres-Paris en ULM.
Pour cause de météo, celui-ci est raccourci pour se finir à Bagatelle. Un Puma de l'ALAT
devant larguer des parachutistes sur ce site, Philippe me demande
d'intervenir auprès des autorités militaires de l'armée, dont j'ai fait
parti, pour sauter avec eux. J'obtiens l'autorisation, Philippe saute et se
retrouve posé dans les arbres.
Une autre
fois, il m'appelle pour aller voler en école, à Saint Cyr. Arrivé sur place, il
est en compagnie d'un photographe de l'agence X. Série de photos, mais la
dernière sera la plus mémorable. Je devais tenir un stationnaire au-dessus
des mains de Philippe, photo qui fera le tour du monde. L'appareil étant
relativement ancien, et par mesure de sécurité, nous nous mettons d'accord
que si il y a un problème moteur, je basculerai la machine à gauche et lui
dégagera à droite. Philippe se met en place bras en haut et écartés et
j'arrive avec l'hélicoptère pour me positionner guidé par le photographe.
Cela a été long, je dirai même très long car j'ai tenu cette position
pendant 25 minutes et en plus vent arrière ce qui n'est pas très agréable.
Le photographe changeait de pellicules puis d'appareil sans penser que je
fatiguai. Philippe quant à lui heureusement baissait les bras jusqu'à ce
qu'on lui dise de reprendre la position.
Enfin, la
dernière fois où j'ai eu peur pour Philippe ce fut à la Coupe de France d'Annecy
où nous l'avions invité. Toujours gentiment, il a accepté de faire des dédicaces,
de participer à une des épreuves, et enfin de faire un geste spectaculaire.
Pendant cette festivité, un Lama venu de Suisse éteignait un feu de bois grâce à
un seau tenu sous l'hélicoptère. Pour le remplir, une bâche avait été installée
contenant plusieurs centaines de litres d'eau. L’ami Philippe s'est donc décidé
de se suspendre aux patins d'un Écureuil et de se faire larguer dans l'eau. Le
soulever fut simple, mais, mal guidé, le pilote n'était pas à la verticale et
Philippe, suspendu à la force des bras, com- |
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mençait
à fatiguer et lâcha
prise. Nous nous sommes précipités pensant qu'il était cassé, heureusement
il avait pu tomber en bordure de la citerne en caoutchouc, ce qui a amorti la
chute. Un coup de pot !
Ma
dernière rencontre avec Philippe eut lieu à Paris. Nous avons parlé de son
voyage au Zaïre et puis peut-être de son dernier défi, la descente du Gange
à la nage, mais dans son esprit était que Diane attendant un enfant qu'il
souhaitait être une fille, ce fut le cas, il voulait se consacrer plus à sa
famille.
Adieu, mon
ami Philippe..
Jean-Marie Potelle
Un
grand merci à
J-M Potelle pour ce touchant récit.
Cliquez
ici
pour lire le récit "Passeport Bleu" écrit par Francis Delafosse.
Retrouvez ce récit et bien d'autres dans le nouvel ouvrage à paraitre de Thierry
d'Athis intitulé "Le livre d'or PM Para".
Cliquez ici
pour visualiser le bon de souscription.
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Photos extraites de la collection personnelle de
Jean-Marie Potelle
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