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panoramique © Thomas d'Oste
Des Dauphins en
ligne
Jean-Marie Potelle - 23 janvier 2009
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En mars 1957, une
grande première était réalisée à Issy-les-Moulineaux. La Compagnie SABENA avait
décidé de desservir grâce à ses hélicoptères, les principales capitales
Européennes pour amener les clients à l’Exposition Universelle de Bruxelles.
Paris faisait
partie de ces dernières. Les S 58 effectuaient deux aller et retour quotidiens avec 12 personnes à bord. Durée du trajet
: 1 heure 15 minutes. La ligne fut abandonnée
faute de rentabilité. Il aura fallu 27 ans pour qu’une Société décide d’avoir
une ligne régulière mais pour la desserte des Aéroports Parisiens. Cela n’était
une mince affaire car nous ne |
sommes pas aux
Etats-Unis. Après plusieurs mois de négociations (2 ans) avec le Ministère
des Transports, la DGAC, la PAF, le GTA, les Douanes, Aéroport de Paris et
les autorités du contrôle aérien pour qu’en 1984 le feu vert soit lancé. Air
France nous a aidés en nous prêtant des bureaux à Roissy 1 et 2 et Orly Ouest
et Sud et en nous permettant d’accéder à son site Alpha 3 pour les
réservations. Le cheminement fut bien étudié mais pas question d’IFR. Les
appareils, deux SA 365 C1 Dauphin 2 à train à roues fixes, nous furent loués
par Aérospatiale. Le F-GBEO N° 5018 et le F-GBEP N° 5043 pouvaient
accueillir 9 passagers avec leurs bagages, grâce à une soute de 1 m3, et
la possibilité d’en mettre derrière les quatre derniers sièges à l’arrière.
La qualification de type fut faite aux pilotes par Michel Anglade alors Chef
pilote. Il sera remplacé par Michel Faure après son accident dans le Dakar.
Tout pouvait paraître rose mais des complications sont intervenues au fur et
à mesure. La première : manque de compréhension des contrôleurs aériens vis à
vis de l’hélicoptère, les comptoirs mal indiqués et mal placés, pas de diffusion
de messages, ni dans les aérogares ni dans les avions, pour guider les
passagers vers nous. Enfin, le ravitaillement ne pouvait être effectué qu’à
l’héliport ou à Orly. |
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14 rotations
étaient prévues par jour avec une période repos entre 11h50 et 15h30, le
trafic étant faible ; avec repos complet le week-end et les jours fériés. En
ce qui concerne les pilotes, deux permanents, après avoir volé 1 heure et
demi, se relayaient à tour de rôle. Départ Issy vers Orly puis Roissy soit 22 minutes de vol. Les
premiers temps les appareils décollaient même à vide mais par la suite, les
Dauphins ne décolleront qu’à condition d'avoir au moins un passager à bord.
Faisons un vol
ensemble si cela vous intéresse...
Installation des
passagers à bord, mise des bagages dans la soute, signature par le pilote du carnet de
masse et centrage. Après vérification de la sécurité aux abords de
l'appareil, demande sur 118,50 Mhz
l’autorisation de mise en route des moteurs ARRIEL 1 C. Ensuite décollage
soit en 25 ou en 07, montée en tournant autour de la Tour EDF jusqu’à 1500 ft
QNH pour rejoindre le périphérique Sud. On quitte la fréquence à Gentilly
pour passer avec Orly sur 118,70 Mhz. A Pont d’Orly, on entame la descente
pour arriver vers le seuil 21. Vol en stationnaire et contact avec le sol 121,70
Mhz
pour rejoindre le point Hôtel sur la bande gazonnée et contact radio pour
rejoindre, en roulant, Charlie 15 situé à l’extrémité Est en face de
l’Aérogare Sud. Débarquement et embarquement des passagers amenés par notre
navette. Puis procédure radio inverse pour repartir vers Roissy. Recontact
avec Issy-les-Moulineaux à Gentilly que nous quitterons à Bagnolet pour nous signaler
depuis Rosny au Bourget sur 119,10 Mhz. A Blanc Mesnil, on change pour
passer avec Roissy sur 119,25 Mhz. On suivra le Canal de l’Ourq jusqu’à Mitry Mory pour demander l’autorisation de couper l‘axe 10/28 pour aller
nous poser en Hôtel 2 à l’extrémité de l’Aérogare B. Par la suite, nous nous
poserons en Hôtel 3 pour les vols de nuit non loin du Concorde vers
l’Aérogare A. La procédure inverse sera utilisée pour rejoindre Issy-les-Moulineaux.
Après 20 h 30, les
appareils regagneront les hangars d’Orly pour l’entretien journalier et la
préparation pour le lendemain.
Tout ceci était
compliqué et vers la fin de la ligne l’appareil ne redécollait qu’avec des
passagers et donc le pilote restait en stand-by en attendant et lors des
rotations le Dauphin ne passait par Issy que si il y avait un passager à
prendre ce qui faisait Roissy Orly en 15 minutes . |
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Un
problème que nous avions à Charles de Gaulle était que lorsque l’on demandait
l’autorisation de couper l’axe il y avait un appareil en longue finale et la
tour nous imposait un stand by jusqu’à son posé et les clients n’appréciaient
pas du tout. Les navettes automobiles étaient hors Douane, donc obligation de
remonter dans les aérogares et d’emmener les clients jusqu’à leur comptoir
d’embarquement. La météo nous a joué aussi quelques mauvais tours car les minima
étaient respectés à la lettre par les contrôleurs et surtout la nuit. |
En bref ce fut une
belle aventure que seules quelques compagnies croyaient durables ce fut d’abord
UTA qui inclut le transfert dans le billet première puis TWA, American Airlines
et quelques autres. Mais en 1987 nous avons ramené les Dauphins à Marignane.
Nous avons eu dans la clientèle des noms connus : Charles Aznavour, Gilbert
Bécaud, Michel Leeb, Lino Ventura, Gérard Depardieu, Rock Hudson, Thierry Sabine
et entre autres Charlène Tilton, le "petit monstre" de Dallas ! |
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Voilà pour cette
histoire que peu de gens connaissent. Y avoir participé m’a laissé d’excellents
souvenirs et j’y croyais fort seulement nous ne sommes pas aux USA où les
Sociétés de ce type sont financées par de gros transporteurs.
Jean-Marie Potelle
Merci à
J-M Potelle pour le récit de cette
passionnante rétrospective
Photos © collection Jean-Marie Potelle
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