30 ans de Sécurité
Civile et un Bell 47
par Jean-Marie Potelle - 24 mars 2009
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Nous sommes en 1987 lorsqu'en rentrant
chez moi, j’ai la surprise de trouver un courrier du Ministère de
l’Intérieur. Monsieur Charles Pasqua m’invite à la cérémonie des 30
ans des Formations Hélicoptères de la Sécurité Civile. Ce sera à Nainville-les-Roches
dans le Sud de Paris où un magnifique château
est le rendez-vous des autorités du Ministère de l’Intérieur. Le
lendemain, c’est René Romet
qui m’appelle d’Annecy car c’est l'organisateur de cette journée. Bon
nombre d’appareils vont être présents et en particulier ceux qui ont
été utilisés par ces formations sauf le Bell 47. Sa demande est
simple : « Peux-tu me trouver ce type d’aéronef et |
me l’amener au
château ? ». Il s’avère que j’ai un personnage avec qui je vole sur cet « engin » et qui s’appelle Patrick Fourtick,
pilote de l’Aéropostale qui s’est épris du vol en hélicoptère. Il ne me fait aucune restriction pour me
prêter son Bell ce qui est très sympathique de sa part. J’emmène l’appareil
d’un saut de puce aux hangars de la Sécurité Civile d’Issy-les-Moulineaux pour
qu’il soit décoré.
Le jour « J » arrive ;
la météo est exécrable et je décide de faire profiter mon ami Michel
Lebredonchel, Inspecteur de Police à la Préfecture et fou de Voilures
Tournantes. Le Bell 47 G (moteur Franklin de 200 cv et sans servo, donc tout
dans les bras) est prêt. Il y des plaques sur les côtés marquées Protection
Civile et deux plaques rondes avec un Bell sur un triangle jaune. Pour ma
part je suis en combinaison rouge pour faire couleur locale. Celle-ci
m’avait été offerte, il y a quelques années par la Sécurité Civile. Nous
devons être à Nainville pour 10 heures mais je préfère partir tôt, vue la
vitesse de croisière de l’engin et le vent qui est en activité. |
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Procédure habituelle de décollage d’Issy, je laisse les commandes à Michel en palier
ça lui fait plaisir puis je quitte à Gentilly pour passer avec Orly. Un Boeing 747
est au décollage mais passant au milieu de la longueur de piste il n’y a pas
de gène.
A hauteur de Melun,
contact avec le Château qui me demande de faire un passage et un 360° pour
les commentaires du speaker. Après réception par l’ami René qui nous
présente aux autorités, nous apprenons que le Hiller UH 12 qui devait venir
d’Annecy ne viendra pas. La machine, montée sur un véhicule, n’a pas aimé le
manque de hauteur suffisante des ponts de l’autoroute ; le mât de l'appareil a
été touché et endommagé l’appareil. Dommage ! Tous les autres appareils sont là, Alouette 2 et 3,
Ecureuil, Dauphin et même un Puma du CEV. Un Agusta 109 fera même une brève
apparition.
René m’annonce alors que
je vais faire un simulacre de sauvetage avec un homme attaché au bout d’une
corde de 10 m, pour refaire ce qui a été le premier secours en mer effectué
par la Protection Civile. Il n’y avait de treuil mais une échelle de corde.
Monsieur Pasqua ne vient
pas et le Dauphin amène le Préfet. Discours, présentation des appareils,
remises de médailles puis déjeuner. Il pleut des cordes nous sommes sous la
tente, heureusement !
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Les présentations en
vol commencent et je fais connaissance de celui qui va être accroché à la
corde. C’est mon ami Dominique Roosens des Pompiers de Chateauroux et fou
d’hélicos qui s’est porté volontaire. Comme je ne verrai rien, seuls
la radio (un contrôleur d’Issy et sur place) et les gestes de Michel
Durand, autre excellent pilote de Groupement Aérien, vont me guider. Dès
les présentations de l’Alouette 3 et du Dauphin, je décolle avec mon
cordon ombilical et me positionne en stationnaire le temps que Dominique
s’accroche. Je décolle avec mon fardeau et regarde surtout l’Alouette au sol qui est rotor tournant, ne voulant pas refaire une
paire de chaus- |
sures au pompier ! Le vol ne dure pas très longtemps, suffisamment
pour que les spectateurs nous voient bien en l’air. Je repose Dominique et
dégage légèrement pour que l’on m’enlève la corde. René revient en courant
pour me demander d’emmener Monsieur le Maire de Nainville car l’appareil lui
a beaucoup plu. Je m’exécute avec le sourire et nous survolons le village
puis le Château à plus ou moins haute altitude.
Au
retour, après avoir reçu les remerciements et après avoir coupé le moteur, je me suis
aperçu qu’il manquait une des plaques rondes sur le côté droit.
Heureusement le rotor anti couple est à droite et rien n’a été touché. Par
contre il se peut que dans un champ, un agriculteur ait eu le souffle coupé
autrement que par le passage de l’hélico. Le saura-t-on un jour ?
La journée s’achève, les hélicos partent les uns après les autres et je décide
d’en faire autant avec Michel car la météo n’est vraiment pas fameuse.
Nous redécollons, un
passage pour dire au revoir et destination Issy. Je laisse à nouveau les
commandes à Michel qui se débrouille mieux au retour qu’à l’aller. Au
contact avec Orly, la tour de contrôle m’annonce qu’un DC 10 est en longue
finale et me demande si j’ai le temps de croiser les axes, ce à quoi je
réponds de façon négative car ma vitesse est loin d’être phénoménale et en
plus le vent est de face. J’effectue donc un 360° tranquillement et reçois
un « Merci l’ancien ! » de l’équipage du DC 10.
Arrivé à l’héliport, je
vais me poser devant le hangar de la Sécurité Civile et nouveau geste d’un pilote
qui vient me demander de faire un petit vol sur cet appareil mythique. Celui-ci n’a jamais volé que sur Alouette 2 et 3 Après s’être installé, je lui
explique le rôle important de la poignée tournante sur le collectif.
Nous redécollons pour un vol
jusqu’à La Défense. Je lui laisse les commandes en montée et là tout
commence, il n’y a pas de servos, donc tout dans les biceps, les tours
moteurs chutent dès qu’il lève le pas général et lorsqu’il remet de la
puissance c’est la poutre de queue qui n’est plus dans l’axe. A force de se
battre avec l’engin, un moment, le pilote explose, nous sommes au Pont de Saint-Cloud et il me rend les commandes me jurant qu’il ne mettra plus les pieds
dans ces « pou BELL (47) » volantes !
Ce fut une belle journée
gâchée par le temps mais que d’émotions ! J’ai toujours gardé la médaille qui
m’a été offerte et l’écharpe blanche.
Jean-Marie Potelle
Merci à
J-M Potelle
pour cette rétrospective mouvementée.
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Photos © Collection Jean-Marie Potelle
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