Le Christ du
secours en montagne
Historique de l'implantation de cette
statue dans le massif du Mont-Blanc, il y a 20 ans
Août 2008, par Francis Delafosse & Jean-Marie Potelle
- photo panoramique © ?
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Une fois de plus, à bord de « l’Alouette III »
rouge de la Sécurité civile qui virevolte et butine d’arête en arête, de
sommet en sommet, j’accompagne le pilote
René
ROMET dans l’une de ces séances d’auto-entraînement que nous aimions
pratiquer à l’approche de chaque nouvelle saison estivale à Chamonix. Une
fois de plus, nous avons « rendu visite » et effectué des manœuvres
d’approche et de mise en vol stationnaire à la verticale de chacune de ces
statues religieuses amenées sur plusieurs sommets par quelques vaillants
alpinistes du début du XXème siècle. |
Souvent, on s’est demandé qui étaient donc ces
pionniers, si désireux de marquer ce territoire vierge par quelques
représentations métalliques du même nom. Pourquoi cela ne pourrait-il pas se
faire de nos jours encore ?, me demandais-je en proposant à René d’installer
dans le même esprit une telle chose en hommage cette fois au « Secours en
montagne ». L’idée avait été retenue et je savais que René serait bien le
seul capable de suivre ce projet et de le mener à terme, fort de son statut
de Président National de l’amicale de notre Groupement Hélicoptère, de sa
passion pour le secours et de sa détermination légendaire.
Les anciens ayant créé un précédent par ces
symboles religieux, notre chance d’aboutir serait d’en poursuivre la
symbolique par la représentation stylisée d’un « Christ Rédempteur ».
Assurant les fonctions de Secrétaire de
l’association, j’ai entrepris les démarches administratives sans rencontrer
toutefois beaucoup d’enthousiasme auprès des autorités concernées. En
réponse aux nombreux courriers, nous recevons une lettre en provenance de la
Secrétairerie d'État du Vatican écrite par Monseigneur E. MARTINEZ, il nous
transmet un message de Jean-Paul II soutenant pleinement notre démarche.
Dès lors, les choses s’accélèrent, mais
compte tenu des réticences administratives, il aura fallu l’approbation de Gilles MENAGE, Directeur de Cabinet de François MITTERRAND pour voir s’ouvrir enfin
les portes récalcitrantes aux autorisations nécessaires.
C’est le sculpteur
René BROISSAND qui fut
retenu pour réaliser une statue en inox de deux mètres quarante de hauteur et
d’un poids de 130 kg. Nous avons pu obtenir que celle-ci soit
hélitreuillée par nos soins de la place du Mont Blanc jusqu’au sommet de
l’Aiguille du Capucin du requin à 3300 mètres d’altitude, en hommage aux
sauveteurs et aux 30 000 personnes secourues depuis les années cinquante.
Notre Alouette III rouge sera escortée par
celle de la Gendarmerie
Nationale de MEGÈVE, pilotée par
Gilbert LEBON
accompagné du Mécanicien d'équipage,
Didier ESPERON et l’Alouette du Secours Aérien Français pilotée
par son président Roland FRAISSINET.
C’est à notre grand regret et au dernier moment que l’appareil de l’ALAT* ne put obtenir
l’autorisation des autorités militaires pour nous accompagner. C’est encore
l’époque de l’entente cordiale entre les équipages Sécurité
civile et Gendarmerie |
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qui, très souvent, apprenaient
à travailler ensemble sur les secours les plus difficiles en
s’aidant mutuellement. On a même pu voir l’hélico bleu voler avec le treuil
et la potence rouge Sécurité civile dans l’intérêt même de notre vocation
première, le secours aux touristes et alpinistes qui fréquentent l’ensemble
des massifs du département.
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Et le jour du 15 août 1988, fête de la
Compagnie des Guides, toute notre organisation est en place pour réaliser
notre projet avec efficacité, soucieux de la sécurité. Tous deux Mécaniciens
d’Équipage, Noël RIVIERE (trésorier de l’association) et moi-même, placés
côte à côte pour stabiliser la statue accrochée au câble, prenons la
direction du centre-ville à bord de notre Alouette, pilotée par Roger COLIN,
le chef de la base. Sur la place du Mont-Blanc, la statue installée sur un
véhicule des Sapeurs-pompiers, se trouve entourée de plusieurs centaines de
personnes. |
Nous arrivons très vite sur zone et nous
descendons lentement le câble vers elle. Sitôt accrochée par Robert
PETIT PRESTOUD, elle remonte vers l’hélico en stationnaire qui prend la
direction de la Vallée Blanche, le tout escorté par les deux autres
Alouette et entourés de quatre « hélicoptères privés » chargés du transport
des cameramen et photographes.
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Quelques minutes plus tard, arrivée au sommet
de l’aiguille du Capucin, la statue sera réceptionnée par quatre
représentants du Secours en Montagne (C.R.S., Gendarme, Civil et
Sapeur-pompier) pour être fixée sur le rocher. L’opération réussie, nous
prenons du recul pour admirer
cette œuvre qui se présente majestueuse et brillante, telle une statue de
glace dominant la Vallée Blanche.
Bénie le matin même sur le parvis de l’église par l’Abbé COMTAT Curé de la
paroisse, celui-ci déclarera |
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dans son allocution :
« Le Christ ressuscité nous rappelle que toute
vie est précieuse. Que tous ceux qui passent près de cette statue au départ
comme au retour d’une course ne demeurent pas indifférents. Souvenez-vous
que vous avez là un guide qui vous conduira vers d’autres sommets, vers
d’autres chemins, ceux de la vie éternelle ».
Plusieurs
mois plus tard, non loin de l’endroit où fut posé ce Christ, un énorme
« BOUDDHA » a été peint sur la surface plate d’un rocher... ce qui prouve
que ces montagnes, véritables piliers du ciel, demeureront toujours parmi
les meilleurs supports de nos spiritualités.
Francis Delafosse & Jean-Marie Potelle
*
ALAT :
Abréviation pour Aviation
légère de l'Armée de Terre
Merci à
F. Delafosse et à
J-M Potelle pour
cet historique d'une sculpture
majestueuse.
Francis Delafosse écrit ses mémoires ; cliquez
ici pour en savoir +.
[29 06 09] Découvrez "La
vidéo tournée à l'occasion de la dépose du Christ du Mont-Blanc". |
Cliquez
ici pour télécharger en pdf, le récit "Le
Christ du secours en montagne"
231 Ko.
Documents extraits des archives personnelles de
J-M Potelle
Francis Delafosse en
quelques lignes
Né le 30 décembre 1949 à HALLUIN (NORD)
14ème des 20 enfants d'un "Poilu de Verdun"
Engagé dans l'ALAT en 1968 pour formation de Mécanicien voilures
tournantes.
Premiers vols sur DJINN et BELL à l'escadrille de
Châlons-sur-Marne
Nommé MDL/CHEF en 1971,
Quitte néanmoins l'armée et la carrière Mec/Nav PUMA pour rentrer
aux hélicos de la "PROTEC" en 1972
Après 2 ans de formation à PARIS, mutation à BORDEAUX /
LACANAU et GRANVILLE sur Alouette II.
Nommé Responsable Mécanicien à la création de la Base de LILLE en
1978 sur Alouette III.
Rejoint les équipages de la Base d'ANNECY / CHAMONIX en 1983.
Affectation à la Base de GRENOBLE / HUEZ en 1995, formation EC145
en 2003.
Départ à la retraite en novembre 2006.
Rencontre avec Philippe
de Dieuleveult en 1984 pour son film "En limite de puissance".
5000 Missions de sauvetage et secours, en plaine, mer et
montagne et 6 200 heures de vol dont 300 de nuit.
Titulaire de la médaille d'Or du Courage et Dévouement en 1989 et
Légion d'honneur depuis 1999.
Co-auteur du livre "...Et le ciel t'aidera"
Editions France-Empire 1988.
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Francis Delafosse parle de son métier avec passion dans le reportage "Le Mag"
intitulé "Le temps du secours rouge" diffusé sur France 3 en 2005.
Durée 26min
[Voir le reportage
1 -
2] |
Francis Delafosse écrit ses mémoires ; cliquez
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