« Allo Alain, on a besoin de toi… »
par Alain Franjou - janvier 2006
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Un soir de décembre, 22h15, le
téléphone sonne : un sauveteur du secours en montagne me demande d’intervenir
pour un surfeur de quinze ans. Blessé, il vient d’être localisé sur le glacier
de la Lauze, vers 3 300 mètres, par les pisteurs des Deux Alpes. Ce secteur est
inaccessible à pied. Sur place, il fait -10°. Si nous n’intervenons pas ses
chances de survie sont minces. Malgré un ciel peu engageant, j’appelle le
mécanicien de permanence et lui donne rendez-vous à la base avec un sauveteur.
Sur la route qui me conduit au Versoud, je revois les années passées. Je suis né
loin des montagnes, dans un pays où les nuages font des manteaux aux pointes des
cathédra- |
les et où le bleu brille plus
souvent dans les yeux des enfants que sur l’horizon.
Attiré par l’aviation, je
m’engage dans l’Aviation Légère de l’Armée de Terre en 1972, à l’âge de 21
ans. Affecté à la base ALAT du Versoud, je découvre avec passion le secours
en montagne.
Dès 1977, je quitte L’ALAT pour la Gendarmerie afin de rester
en montagne. Après trois ans de « purgatoire » à Villacoublay, je rejoins
enfin Briançon. Pendant neuf ans, je vais sillonner les cimes et les glaces
des Ecrins. Je ne compte plus les alpinistes et les randonneurs que j’ai
arrachés à leurs froides emprises.
En 1989, j’inaugure et je
prends la tête de la nouvelle base Gendarmerie de Modane.
1991 : la Sécurité
Civile cherche des pilotes montagne. Je ne peux manquer cette occasion de
revenir aux Ecrins. Depuis, je poursuis ma carrière à la
base hélicoptère Sécurité Civile de Grenoble.
Aujourd’hui, j’ai 51 ans, trente ans de pilotage derrière moi, plus de 7000
heures de vol à mon actif pour à peu près autant de secourus et la passion
ne s’est toujours pas émoussée.
22h54 : nous décollons du
Versoud, direction : Les Deux Alpes. |
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Sur place, deux dameuses de la station
nous désignent, à l'aide de leurs phares la direction des appels au secours. Dans
cette zone enclavée entre deux parois rocheuses, le glacier est très sombre.
Dans le faisceau du phare de l’Alouette III, nous trouvons la trace du
surfeur. Les arabesques de ce mince fil d’Ariane nous conduisent vers une
barre rocheuse ; au pied : un impact, puis des traces de pas. La piste nous
mène vers les rochers où le blessé s’est réfugié. Impossible de se poser à
cause de la poudreuse que nous soulevons en nuages denses. Quelques
treuillages plus tard, la victime est à bord. Déjà en hypothermie,
l’adolescent souffre d’un pneumothorax, d’un bras cassé et de contusions
multiples.
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Nous l’évacuons
rapidement vers l’hôpital de Grenoble où des mains habiles lui prodigueront
les meilleurs soins.
A minuit, nous nous posons à
la base, dans le silence brusquement retrouvé. La mission accomplie, je me
sens le cœur léger.
Alain Franjou
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Merci à
A. Franjou pour avoir partagé avec nous une de ces nombreuses missions.
La photo panoramique utilisée en "header"
permet de se rendre compte du travail d'équipe qui allie la maîtrise du pilotage
de Alain Franjou à la dextérité du Mécanicien d'Equipage Francis Delafosse
lors d'un treuillage particulièrement délicat.
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-
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