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Pilote de la Marine depuis 1977, Didier Gusmini a
passé une bonne moitié de sa carrière à la 32 F de Lanvéoc-Poulmic. Avec
plus de 150 missions de treuillage et pas moins de 173 personnes
évacuées, il a accumulé une des plus grosses expériences en matière de
sauvetage maritime en France. (Photo Eugène Le Droff) |
Didier Gusmini affiche 6.500 h au compteur dont au moins la moitié passée à
piloter un Super Frelon ! A 52 ans, le pilote d’hélico de Lanvéoc vient de
boucler sa dernière mission de sauvetage. Le cœur gros ? Pas exactement... En 31
ans de carrière dans l’aéronavale, il aura connu tous les hélicoptères de la
Marine, pratiquement toutes les missions et surtout réalisé plus de 150 missions
de treuillage. Combien de vies sauvées ? « Je n’ai jamais compté exactement ».
Dans un coin du bureau, un carnet relié cuir contient les circonstances de 173
personnes évacuées : naufragés, blessés graves, marins ou passagers malades,
parfois entre la vie et la mort...
Pas d’exploit à raconter
« Allez, terminé pour
le vieux ! ». Didier Gusmini pose son casque et ses gants. Il laisse la place
aux jeunes pour les missions de sauvetage en mer. Jusqu’à la fin mai, il se
contentera de vols d’entraînement aux côtés des petits nouveaux. Celui qui a
accumulé l’une des plus grosses expériences sur Super Frelon (mis en service en
1962 !) s’apprête à achever une carrière presque aussi endurante que son bon
vieux « Super ». « J’ai assez donné en sauvetage, de nuit, par tous les temps ».
Celui qui tourne la page n’est pas du genre à enjoliver une carrière qu’il a
pourtant adorée. Point d’exploit à raconter, pas de gloriole au bout des pales.
« Quand on part hélitreuiller quelqu’un en mer, on ne sait jamais comment cela
va se passer, ce que l’on va trouver ».
Procédures et adrénaline
« Et combien de
fois, j’ai pu me demander ce que je faisais là... Quand on s’assoit dans le
cockpit, que l’on se retrouve harnaché devant le manche, en pleine nuit, dans le
vent, avec la pluie qui cingle contre le cargo, rotor lancé, le " bus de 13
tonnes " tremblant de tous ses rivets, on n’en mène jamais très large. On a
surtout conscience, en tant que commandant de bord, d’avoir à ses côtés six ou
sept bonshommes qui sont là pour les mêmes raisons ». Mais dès que les trois
turbines arrachent de terre ce drôle d’insecte de mer, on entre immédiatement
dans la mission. « Il s’agit d’appliquer des procédures, de répéter des
techniques issues de centaines d’heures d’entraînement. Avec l’adrénaline en
plus et des prises de décision en lisière, parfois même un peu en dehors du
cadre », concède-t-il.
Souvenirs poignants
Il
gardera longtemps en mémoire le regard perdu des 14 marins du Ievoli Sun, tous
récupérés au terme d’un seul et interminable hélitreuillage en Manche. Et la
mine apaisée de ces deux plaisanciers anglais extirpés d’une tempête
apocalyptique, en pleine nuit d’encre et 85 nœuds de vent (160 km/h) dans les
moustaches. Ou plus drôle (après coup)... L’air goguenard d’un marin « au plus
mal » qu’il avait fallu chercher de toute urgence sur un navire étranger. Déposé
en civière à l’hôpital, l’imposteur s’était levé d’un seul homme pour prendre
ses jambes à son cou. Le fan de foot avait parié qu’il ne manquerait pour rien
au monde la finale de son équipe à la télé !
Stéphane Jézéquel
Source Photo panoramique © Christophe Gothié
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ici pour voir les extraits du reportage
de Gérard Uginet intitulé "les marins du ciel"
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